Réminiscence‏ de Abdel khawy Marhoum

Publié le par sans-nom-patronymique

Chlef - aout 2003 - Merci à S.Mekki 


ex-El Asnam - ex-Orléansville


Page 406


Un extrait du livre de l'auteur Mr, Marhoum


J'apprendrai par ma femme que des policiers civils sont venus me chercher, ils sont du commissariat de Boufarik, ils se sont présenté à ma femme plusieurs fois et se permis de fouiller dans mes cahiers, mes livres et ont visité à leur aise ma bibliothèque. Quand je demande à ma femme quel est le motif de ces incursions, elle me fait savoir qu'ils sont à la recherche de Marocains et ils sont persuadés que je le savais et je suis allé me planquer dans un hôpital. Ils lui ont dit d'aller me dire de sortir ou c'est eux qui iront me chercher contre mon grès. Il est dix sept heures, il est trop tard pour que je me présente à eux, je décide de le faire le lendemain samedi, je goûte à ma première nuit de sommeil chez moi, je commence a mettre dans la musette des souvenirs mes déceptions de Rocher-noir, je n'ai pas la volonté ni ne peux faire l'effort de repenser à tout ça les produits que l'on ma fait prendre m'ont rendu amorphe et tant mieux d'ailleurs, je fonctionne au ralenti. A partir de lundi, je connaîtrai une inédite et odieuse période de ma vie, elle sera révélatrice et me marquera pour le restant de ma vie. Je me présente ce samedi, dès huit heures trente au commissariat de Boufarik, le policier de garde, m'informe qu'il faut que je revienne lundi puisque je n'ai pas de convocation et il n'y a pas de trace de mon nom sur son registre, je repars jouir d'une quiétude qui durera quarante huit heures et disparaîtra dès neuf heures de ce lundi de fin novembre.

" Il y a quelqu'un qui a convoqué un nommé untel, on vient le chercher ou il monte ? " Le policier qui était derrière son comptoir vient de crier ça par la porte, dans le couloir, la réponse ne se fait pas attendre, une voix en français avec un accent kabyle se fait entendre en lui disant de m'envoyer en haut au bureau 3. je longe le couloir ou du moins ce qui reste et monte par l'escalier tournant pour me présenter devant la porte de bureau n° 3. Un grand héron, voûté est assis sur le bord d'un meuble, il se tourne vers moi et me dit en français d'entrer, je reconnais son accent kabyle. Le type ne bouge pas de sa position et me toise son aise de bas en haut et l'inverse, puis me demande si je suis bien " Maroqui " je dis Maghrabi pour le corriger, mais il n'a pas l'air commode, il répète le Maroqui plusieurs fois puis me demande pourquoi je suis allé me cacher dans l'hôpital des fous. Je tente de lui expliquer la raison de mon séjour à l'hôpital et je l'ai interrompu parce qu'on est venu me dire que la police me chercher, il m'interrompe pur me jeter qu'il n'a pas envie d'écouter ma vie, pourquoi je suis allé me planquer, c'est tout ce qu'il veut savoir. Je commence a comprendre qu'il me faudra demander à on seigneur de faire en sorte que je ne paye pas là le désaccord entre Messieurs Boumediene et Hassan II à propos de ce Sahara dont on fait étalage sur le Fameux quotidien El-Moujahid et les virulents discours embrasés des plupart des hommes politiques et dirigeant du FLN. Le seigneur ne me viendra pas en aide et je subirai les interrogatoires inquisiteurs, accompagnés de petites claque sur la figure quand je dois réfléchir à ce que je dois donner comme réponse, souvent orduriers à l'encontre du Maroc et de sa soldatesque qui opprime le pauvre peuple sahraoui. Mes réponses restent jusque là circonspectes, comme par exemple cette question : " Que penses-tu de Boumediene ? " ma réponse se fait hypocrite et cela va de soit, ce n'est ni l'endroit ni l'époque pour donner son avis sur le Sieur Frère Houari, je réponds par " c'est un président que je respecte étant donné que je vie dans son pays, je n'ai pas le droit en tant qu'étranger, de ". Le type me prend en traître et me claque la figure en ajoutant son commentaire et m'ordonne de dire ce que je pense au lieu d'épouser les pensés de mon roi et bouffer le pain Algérien.

- Je ne bouffe le pain de personne, je mange le pain que j'achète avec mon salaire !

- Oui mais c'est de l'argent Algérien, vous êtes tous les mêmes, vous mangez notre pain et vous crachez dans nos mains, je peux savoir ce que tu pense de Hassen II ?

- Hassen II ? aucune pensé sur lui, il ne me connaît pas, moi non plus, alors je n'ai pas de commentaire à faire, voilà.

- Tous les mêmes, vous tremblez devant lui !

- Vous faites erreur, je ne l'ai jamais vu et je n'ai pas a trembler devant qui que se soit, fusse un roi, alors qu'il ne sait pas que je suis en train de subir pour le fait qu'il existe.

Cette asperge se prend pour le seigneur de la ville, je suis certain que c'est un inspecteur principal qui doit avoir une dent contre tout Marocain déclaré ou déniché. Il soulève ma tête vers le haut en la tirant par la mèche qui tombe sur mon front et me crache dessus. Je n'ai aucun choix sinon m'écraser, je subis les insultes en m'imaginant que ce type a devant lui le roi du Maroc auquel il fait passer un mauvais quart d'heure. Quand il est court d'insultes et de remarques injurieuses, il fait une courte pose et revient sur mes emplois du temps dans ce pays, ce que je fais, ou et comment. Le monologue durera par pauses prises pour lui et répit pour moi, jusqu'à la fin de la journée, ensuite il revient pour me dire qu'il fait un geste de pitié pour moi, il m'autorise à aller dormir chez moi, les Algériens ne sont pas salauds comme les Maroquis. Il claque les doigts en me faisant signe de me lever et un autre pour me faire comprendre que je dois foutre le camp, il ajoute verbalement que j'ai intérêt à me présenter ici demain à l'ouverture avec mes papiers. Je le quitte en remerciant le destin de m'avoir fait sujet de sa majesté pour que je paye de ma personne pour lui, c'est beau d'être un souverain et je remercie mon père de m'avoir introduit dans ce pays et je remercie ma mère de m'avoir empêché de rejoindre ce dernier lorsqu'il nous avait quitté, je m'ajuste une révérence à la hauteur de mon mérite pour être revenu dans ce pays alors que célibataire, je l'ai quitté de mon propre grès, ainsi, je risque, marié et père de famille, de le quitter maintenant manu-militari. J'ironise comme je peux jusqu'à panne sèche d'ironie, je ne souhaite rencontrer personne de ceux que je connaisse, je n'ai envie de parler à personne de ce pays, si je pouvais rentrer chez moi sans que personne ne me voit, ça me ferait un semblant de bien. Je monte lentement les escaliers des quatre étages en pensant ou plutôt en regrettant de n'avoir pas précédé ces évènements en partant avec Tatiana dans mon pays lorsqu'elle m'avait demandé un passeport, j'aurai évité de me trouver dans cette situation, je me traite de tous les noms, mais je n'ai pas encore mis la deuxième couche, le pire est a venir et je regretterai amèrement de n'avoir pas écouté Tatiana au moins pour la rejoindre à Moscou dès qu'elle aura divorcé, je laisse une brèche ouverte pour la grande vague de dégoût ainsi je n'aurai aucun regret et filerai la rejoindre, quitte a être témoin de son divorce. Quand j'arrive chez moi, ma femme vient aux nouvelles, je fais mes commentaires, elle ne réagit pas, elle n'est pas une grande alarmiste et elle ne compatit pas non plus, je la vois mal en temps qu'Algérienne, maudire son gouvernement qui a décidé la chasse aux Marocains. Je connaîtrai des jours détestables, journées et nuits passées au commissariat a subir les regards médiocres, les exubérances de ces zélés de circonstance. Je suis obligé de me justifier quand je me tais et ne fais de réponses aux questions que je juge inintéressants et je dois me justifier du pourquoi quand je réponds avec un peu de tact à certaines questions que je juge dénuées de sens, on m'accuse de ruser. Parfois on me renvoi en fin de journée chez moi, puis on vient me rechercher en pleine nuit question de voir qui est chez moi, peut être le Mossad de Marrakech ou de Tifelt ou bien de Bousber. Un jour alors que je suis assis sur cette chaise verte, décapée par endroit par l'usure, un jeune inspecteur me demande si je n'ai pas de relation avec les Marocain de là-bas, je ne sais pas de qui il parle et lui demande de se faire plus précis. Il veut parler de certains Marocains qui seraient intéressés par les tracés des conduites de gaz en Algérie du fait que je les connais presque toutes, puisque j'ai fais certains de leurs tracés, ainsi que les postes de distributions de centrales électriques ou ville. J'aurai éclaté de rire en d'autres circonstances, moi un espion ? comment il gourmand en accusations flatteuses cet arriviste de mes fesses, comme questions récursive mais sous différentes formes, je n'en ai pas connues, je prends sur moi d'ironiser à mon tour en lui répondant, quand même bien on me payerai, je ne ferai pas ce genre de truc, je ne suis pas un crétin et en plus qu'est ce que les Marocains ont a voir avec ce genre de tracé, pour piquer du gaz et qu'ont-ils à faire avec un type inconnu comme moi qui ne figure même pas dans leur état civil. Ma question ne le laisse pas indifférent, il me prévient qu'il me claquerait la figure si je continue à me faire passer pour un intelligent et les prendre pour des cancres, je baisse la tête, parce que sa main est prête a partir. Au bout de quelques semaines de tracasseries de la sorte, de retenue au commissariat, de renvoi et de rappel, l’inspecteur me dit que je n'ai plus le droit de quitter Boufarik et je dois me présenter au commissariat pour faire de la raison de m'absenter de Boufarik. Aller travailler, il n'en est plus question, je n'en ai plus le droit, il me dit de repartir chez moi en attendent de statuer sur mon cas parce que je suis marié avec une Algérienne. Je le trouve servile à ses âneries, du moins en ce qui concerne son langage du moment et surtout quand je pense que des jeunes femmes nées seulement de pères Marocains, la plus part du temps décédés, se sont vue mettre dans des cars et déposées à la frontières Marocaines alors qu'elles n'ont jamais vu le pays de leur pères ni peut-être connu et ne sachant rien de leurs proches ni de leurs régions. Quant à moi, j'ai comme ordre d'attendre chez moi dans l'espoir de me voir à défaut de reprendre mon travail, pour nourrir ma famille, aller vendre des Cacahouètes devant le cinéma Royal, l'un des rares emplois qui ne soit p pas propriété de l'état (nationalisé).

Auteur : Abdel khawy Marhoum

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